Fevrier 2017
| Tribune de GenèveEmplois fictifs et revenu universel
Ces derniers jours, les débats liés à la campagne électorale en France ont été marqués par deux thèmes: emplois fictifs et revenu universel. Dans ce pays, les commentateurs autorisés, malgré leur grande sagacité, ne les ont pas mis en rapport, concentrés qu’ils étaient à commenter des primaires en réalité bien secondaires.
Or, par esprit civique, de nombreux parlementaires, tant de droite que de gauche, ont testé dans la plus grande discrétion ce type de revenu sur leurs proches.
Bien sûr, ce n’est pas vraiment un revenu universel, puisqu’il concerne surtout leur conjointe, ainsi que leurs enfants et maîtresses.
Par ailleurs, il n’est pas vraiment de base, puisqu’au lieu d’être de l’ordre de 600 ou 750 euros, il atteindrait 5000, voire 7000 euros par mois. La logique étant certainement de tester cette idée avec des montants conséquents, pour qu’aucune ambiguïté ne subsiste.
Ce revenu, tel qu’il a été ainsi mis en place, conserve cependant une caractéristique essentielle: il est inconditionnel. Les «attachés parlementaires» en question le perçoivent, et ce indépendamment de leur véritable travail. Qu’ils aillent chez le coiffeur, à la pêche, s’occupent de leurs enfants ou rédigent des «notes de synthèse», ils sont rémunérés. Ainsi depuis de longues années, des cobayes se sacrifient dans l’intérêt supérieur de la France, pour que les parlementaires concernés puissent analyser ce concept de revenu inconditionnel.
Le rejet de ce projet par la plupart des politiciens est probablement dû aux résultats de ces analyses. Ils sont devenus orfèvres en matière de revenu inconditionnel ou de rémunérations douteuses et peuvent en connaissance de cause affirmer que ce revenu encourage la paresse et l’assistanat de leurs proches. Tirer des conclusions générales aussi négatives sur la base d’un échantillon tellement réduit est cependant peu sérieux.
De ces exercices et combines pitoyables, François Fillon est sorti politiquement affaibli et a tenté de reprendre la main, en lançant une phrase d’une perspicacité certaine.
Il a déclaré en substance que ça le renforçait «dans l’idée qu’il y a quelque chose de pourri» dans la démocratie française.
Gageons que les Français seront, cette fois-ci, en accord avec lui!