Analyse critique du secteur financier

21 mars 2023

| le matin

L’UBS est «un mastodonte qui va contrôler la Suisse»

Invité au «19 h 30» sur la RTS lundi, Marc Chesney, directeur du Département de banque et finance de l’Université de Zurich s’est emporté contre le manque d’anticipation du monde politique dans la chute du Credit Suisse: «Cela fait quinze ans que l’on pouvait analyser de manière critique cette situation. C’est la faillite d’une certaine politique, qui a constitué en l’espace de quinze ans à détourner le regard de ce qui fâchait».

Des bonus à la contreperformance

Au sujet des bonus touchés par les dirigeants, il a répondu à Philippe Revaz: «C’est insupportable! Je vais vous donner des exemples, Brady Dougan, directeur entre 2007 et 2014 a perçu environ 160 millions de francs et le cours de l’action a baissé d’environ 70%. Son successeur Tidjane Thiam perçoit 64 millions, le cours baisse de 40%. Monsieur Thomas Gottstein reçoit en 2021 3,8 millions malgré tous les scandales. Monsieur Urs Rohner a reçu lui environ 40 millions de francs et le cours a baissé de 70%. Donc s’agit-il de rémunérer les performances? Ou les contreperformances?»

Jeudi dernier, la BNS et la FINMA – juste avant d’avancer 50 milliards de garanties pour le Credit Suisse – ont certifié pourtant que la banque était solide: «Mais c’est une plaisanterie, s’emporte Marc Chesney. S’il était bon le bilan, s’il était bon encore jeudi, on se demande comment samedi ou dimanche, elle aurait pu faire faillite… Donc on nous a menés en bateau, que ce soit clair, pendant des années».

Des dirigeants hors de contrôle

Aujourd’hui, l’économiste faire part de ses craintes face à la nouvelle entité bancaire ainsi créée: «C’est un mastodonte. Cette logique du «too big to fail», de banques dites systémiques, est dangereuse pour la population, parce que les dirigeants de ces banques sont incités à prendre toujours plus de risques. Parce que ces dirigeants savent pertinemment que si ça tourne mal, nous allons régler la facture. Là on a un mastodonte qui sera incontrôlable et qui, au contraire, va contrôler le pays.»

Le rôle des fonds spéculatifs

Enfin à la question de la responsabilité des marchés financiers dans la chute du Credit Suisse, il répond: «Qui se situe derrière les marchés financiers? Ce sont des fonds spéculatifs et quelques grandes banques. Quand il y a des mouvements de yoyo, comme avec le Credit Suisse la semaine dernière, cela permet de générer des profits inimaginables, parce qu’ils parient dans un sens, ils parient dans un autre, tant que ça bouge ils sont contents. Donc ils n’aiment pas la stabilité, ils aiment l’instabilité et nous, on en pâtit en tant que contribuable».

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